- Obskure
Les sorties du mois d'Aout

Cristian Marras – Rave In Peace – Rebels Conspiracy (08.08.2019)
Le producteur est maintenant bien établi sur la scène berlinoise, ayant joué dans les club les plus
influents de la ville, et se place définitivement comme un artiste sur lequel il va falloir garder un
oeil attentif par la suite. Il présente ainsi une nouvelle sortie sur son propre label, dont le premier
VA présentait des artistes comme le résident de Jaded, Julez Wyl, et d’autres talents émergents
comme le duo wav_909 & 7th Raw, ou encore RVSSIA. Ce nouvel EP se pare de deux remix
maniés par des artistes excitants de la scène contemporaines, à savoir les fondateurs de Lebendig,
Inhalt Der Nacht et Echoes Of October, ainsi que le Schacke, qui se saisissent des morceaux originaux
pour en proposer une version qui leur est propre.
Rave In Peace donne un aperçu de l’univers du producteur, un morceau à l’énergie brute et assez
grunge qui vous irrigue dans un paysage sonore industriel, et l’atmosphère gagne en intensité
avec l’arrivée de la mélodie sombre qui émane des synthés. Hombret propose une ambiance très
différente, une mélodie apaisante rayonne par dessus un rythme breaké, et le morceau évolue
vers une rythmique plus régulière, un ensemble parfait pour accompagner les derniers jours de
l’été.
Inhalt der Nacht & Echoes Of October secouent R.I.P d’une énergie électrique. Le rythme
gagne en vitesse, les kicks se font plus lourds et profonds, et les synthés pleuvent comme des
lames de rasoir, nous plongeant dans une atmosphère très rave. Schacke, quant à lui, revisite
Hombret de manière plus Trance. On y retrouve la basse du morceau original, filtrée cette fois ci
et le synthé dans la reverb nous enveloppant d’une substance éthéré.

Klangkuenstler –Dunkle Illusion - Second State Audio ( 08-2019)
Le producteur allemand a été assez productif ces derniers mois. On se souvient notamment du
très excitant Balthazar sorti sur Outworld en Avril dernier, qui nous emportait, suivant une
fresque de 4 morceaux d’une tonalité presque épique, dans un voyage à travers un royaume
déchiré entre le Ciel et les Enfers, mais aussi du savamment acidulé Acid Hotline sorti sur Filth
On Acid en mai. Cette nouvelle sortie reprend des caractéristiques de ces productions précédentes
qui font de KlangKuenstler un artiste au style assez reconnaissable. On retrouve les kicks
très lourds sur Razor, qui entraînent le morceau de tout leur poids, nous emportant irrésistiblement
dans cette inertie desservie par un groove impeccable et assez sombre. On retrouve le penchant
du producteur pour l’acid sur Dunkle Illusion, le morceau qui donne son titre à l’EP, martelé
par la régularité des kicks et la puissance du synthé qui sonne comme une tempête en approche.
L’acid laser d’Alignment fuse dans le remix qu’il propose de ce morceau.

Sina – Until Debts Tears Us Apart – Subtyl (09.08.2019)
La précédente sortie du producteur remonte à février dernier, née de voyages, entre l’Iran et le
Liban, pour y rencontrer et travailler avec les scènes artistiques locales. Legalize Raving fût ainsi
le fruit d’échanges mais aussi de la confrontation vis-à-vis de la place de l’art, de sa perception,
et du poids de la censure qui contraint la volonté et le geste artistiques dans certains pays. Le cofondateur
du collectif Subtyl revient ainsi quelques mois plus tard avec un EP de trois titres qui
cette fois sent bon les 80’s, transportant dans la modernité les influences musicales et l’esprit de
cette époque, revendiquant fortement des inspirations EBM et new wave, ne serait-ce que dans le
clin d’oeil évocateur du titre qui détourne sur un mode plus cynique celui d’un morceau bien
connu de Joy Division...
Le voile sensuel de la décadence EBM entoure Free From Desire pour une entrée en matière assez
sombre et brutale. Accidentally Cool est un morceau EBM dystopique, mêlant l’énergie
froide du pas lourd et marqué martelé par drums, à une atmosphère teintée d’éléments futuristes.
L’ep se termine sur l’apaisant Debts Will Tear Us Apart ; les harmonies plaintives du chorus et
la légèreté de la mélodie des synthés enveloppent le morceau d’une insouciance joyeuse qui flirte
bien avec les influences new wave, soutenue par un beat très techno. Une jolie bo pour déambuler
la nuit entre les couleurs pop des néons d’une ville à moitié déserte.

Peryl – Rebellion - Lebendig (22.08.2019)
Le label de Inhalt Der Nacht et Echoes Of October accueille une nouvelle fois le prodige Peryl
pour un EP de 3 titres (plus un remix), qui procure comme une envie grisante de révolte.
L’introduction, une montée en tension de 6min30, Wires On Her Body est assez intrigante,
épousant une certaine sensualité. C’est une plongée dans un univers assez noise où la saturation
scintille et où les murmures envoûtants d’une voix féminine résonnent. La furie EBM annoncée
dans le titre du morceau ne se fait pas attendre longtemps, avec Molotov Brutality, portée par un
rythme à couper le souffle et l’explosion des synthés. Des sirènes et la confusion de cris résonnent
au loin, et un vocal d’outre tombe scande le titre sur fond de décor sonore de guerre civile.
Un morceau qui capture l’essence de la violence et démontre l’habileté du producteur à
nous plonger dans des ambiances à la brutalité percutante. Le vaporeux Against Your Oder offre
un bref moment de répit, car si le rythme galope toujours, on ne peut être que transporté par les
volutes de la mélodie. Le ciel s’obscurcit dès l’ouverture saturée du très hanté Protestaktion,
dont le synthé semble tout droit sorti des Enfers, morceau retravaillé par Niki Istrefi dans un remix
plus mental, qui nous captive et nous assaillit de ses harmonies crissantes.

Rosa Anschutz Rigid (Kobosil rmx) – R Label Group (30.08.2019)
Rigid est un morceau tiré de l’EP du même nom, sorti sur Quiet Love en mai. A travers ces 4
morceaux, Rosa Anschutz nous introduisait dans un univers intime et plein de sensibilité, jouant
sur des inspirations « post-techno/ post punk / noise / neo new wave/ art pop », toujours enveloppées
de douceur, tirant toute la substance de chaque sonorité. Dans ses compositions, elle utilise
sa voix comme un instrument à part entière, et c’est de cette puissance vocale dont Kobosil souligne
toute l’intensité dans un remix planant.

ANNA & Kittin – Forever Ravers – Kompakt (30.08.2019)
Voici une collaboration entre deux artistes de la sphère électronique, ANNA, qui n’en n’est pas à
sa première sortie sur Kompakt, et Kittin, grand prêtresse de l’électroclash, complice de The Hacker,
dj et productrice. Elles se réunissent pour donner une messe techno éclair en un morceau,
mêlant le timbre froid et synthétique de la voix de Kittin, reconnaissable entre toutes, à une production
explosive. Le bien nommé Forever Ravers, dont le remix d’Anna propose une version
plus mental et stratosphérique, sonne comme une ode à l’unité du dancefloor, et une célébration
de ces grands moments de fêtes libres et sauvages dans lesquelles nous aimons tant nous perdre.
« Dance until we die ».

Drums Theory – Strong Love – Etruria Beat (31.08.2019)
Drums Theory est un duo parisien composé de 2 artistes qui partagent le même amour de la musique
avec une approche rare et particulière. Les percussions et breaks de batterie fondent l’essence
de leurs tracks, un savant mélange entre des rythmiques imposantes et des envolées mélodiques
donnant naissance à une nouvelle forme de Techno. Ils signent ici une première sortie impressionnante
sur le label de Luca Agnelli (Etruria Beat). On commence avec le puissant Strong
Love, qui donne le ton : la rythmique est intéressante, composée d’un kick saturé étouffé et de
snare breaké, pour un rendu d’une clarté percutante. Une ligne synthétique gagne en puissance
pour laisser place à une acid plaintive. La pression remonte avec l’arrivée d’un deuxième synthé
(type supersaw) plus rythmique. C’est dans cette oscillation entre le souffle énergique des drums
et les éléments plus lancinants que réside justement tout le relief du morceau. L’atmosphère se
charge d’électricité avec Group Sex, un morceau acid qui nous plonge instantanément dans une
frénésie plus sombre, porté notamment par sa rythmique dans le delay. Les deux strates d’acides,
une plus classique, rapide et saturée, doublée d’une plus mélodique qui apporte un côté plus aérien,
enveloppent le morceau d’une réelle intensité. Le break met en avant l’attention toute particulière
accordée à la rythmique, mais laisse également toute la place au déploiement de l’acid,
véritable envolée mélodique accompagnée du tonnerre des drums avant le retombée fracassante
du drop. On enchaîne avec Last Paradise, la rythmique y est encore une fois d’une grande précision,
boostée par le dynamisme d’une ligne acid très rythmée, rejoint par une seconde plus onirique,
amenant dans un mouvement ascendant le morceau vers un passage très lumineux, bercé
par la beauté des harmonies. L’EP se termine sur le remix de Strong Love par Luca Agnelli. Il
reprends dans sa version la ligne acid plaintive du morceau original en y ajoutant un synthé massif
(un supersaw), le tout porté par une rythmique plus sec et moins saturée pour un résultat envoûtant.